C’est avec une écriture sobre mais concise, et grâce à une souplesse narrative coutumière chez lui, que Rabah Kheddouci nous conduit dans les méandres d’une dualité, d’abord entre l’esprit de confiance et de générosité des gens simples et l’esprit « complotiste » et maléfique des gens à l’identité floue ou opportunistes. Une dualité qu’il transcendera, au fil du récit, par l’introduction de la dimension religieuse. Et on se trouve alors face à un conflit plus spirituel que moral, entre la conduite selon la foi sincère et les diableries dictées par l’esprit fourbe et satané ; entre les deux, l’esprit de l’état de droit, incarné par sa police judiciaire voulant trancher par la loi. Dans ce roman, on baigne, presque en alternance, dans deux atmosphères : celle de la tragédie familiale et individuelle et celle de la fiction policière, l’espionnage étant un sujet dominant. Mais alors qui sont les étrangers ? Les honnêtes gens exclues ? Ou les gens de ce pays, qui agissent en étrangers pour un autre état ?